Le jour se lève en toi
Le jour se lève en toi
Un jour, tu te réveilles d’une longue nuit sans sommeil. Une nuit blanche à visiter l’obscur en soi. Tu navigues sur un océan où seul le bleu dévoile ses camaïeux. Tu as du faire face à la houle de tes expériences. Tout s’est désagrégé en toi, tes ancrages, tes croyances illusoires te servant de bouées de sauvetage, se sont délitées. Désormais, sans repère, tu navigues à vue. Tu aimerais occuper ce vide qui s’installe en toi. Tu voudrais remplir ce blanc. Mais non, tu es invitée au grand repos. Que faire de ce repos qui enlève toute action ? L’évidence, couplée de sagesse et d’intelligence, montre que seul le ralenti est le soin pour te ressourcer. Cette inertie d’apparence coûte à ton égo, soumet ta persona…et finalement, peut-être que la plus grande action est dans le « non agir ». Le jour se lève en toi.
Alors, tu traverses différents états où tu croises la peur de l’inconnu. En réfléchissant peux-tu avoir peur de quelque chose qui n’existe pas ? Ne serait-ce pas davantage la peur de quitter ce que tu connais, de perdre le connu ? Et dans le même temps, au plus profond de ton coeur, ta lucidité te renvoie à ce qui est devenu si clair pour toi. Tu ne peux continuer à t’accrocher à ce qui en toi s’est déjà désancré… Mais tellement habituée à fonctionner avec tes mécanismes, tes automatismes, un temps se révèle nécessaire pour les dissoudre. Et puis, tu as ton histoire, ta personnalité, tes tendances caractérielles, tes blessures… Par conséquent, tu ne veux plus lutter, juste tirer profit de ce temps alloué. Ne compare jamais pas ce que tu vis. C’est à chacun de prendre acte de ses ressentis et de les laisser traverser son corps. Les émotions refoulées émergent. Leur remontée crée des vagues à l’âme. Tu observes ces passagers comme des invités à considérer. Toi, tu te connais, tu t’en détacheras en les comprenant. Mais peut-on lâcher prise lorsque l’incompris reste latent ? Le jour se lève en toi.
En cette année qui s’achève, le renouveau prendra place en laissant partir ce qui en toi s'asphyxie. Tes prises de conscience sont le projecteur éclairant tes pénombres. Tes voiles se lèvent et d’autres se soulèveront. Mais là, dans ce présent, tu t’aperçois que l’inconnu se peint d’aspirations inspirées de ton âme, de ta profondeur, de ce qui en toi s’anime au plus fort de ton être. Tout simplement parce que la Vie s’écoule en toi. Tu t’abandonnes en son flux, tu respires l’air iodé de la mer, le vent frais t’emplit, te libère. Et tu te dis que peut-être le plus beau voyage qui soit, c’est quand il n’y a plus de voyage à faire car tout est déjà là. Le jour se lève en toi.
Et ta plume prend le large ou c'est plutôt la plume de ton âme qui voyage, comme une prose qui se dépose.
A l’aube de mon âme
Pas à pas, le Jour se lève en Soi,
le Ciel de la Conscience se déploie.
Jaillissent les murmures d’une âme libérée,
des chants s’honorent de l’Azur purifié.
L’Eclaircie de Vérité abolit les mensonges,
sortie délicate de douloureux songes.
L’âme réveille l’être jusque-là endormi,
un nouveau regard observe la Vie.
La brume des illusions s’évapore,
dévoilant un mystérieux décor.
Le paysage se pare d’allées inconnues,
bordé d’arbres souhaitant la bienvenue.
Etoile après étoile, la nuit s’estompe en Soi,
la fontaine d’Amour déverse sa Joie.
Les sens s’activent tel un volcan en ébullition,
présageant une proche éclosion.
J’ouvre enfin les fenêtres de mon cœur,
la Lumière s’allume dans ma demeure,
là où les illusions enténébrées s’enflamment.
Apaisée, je contemple l’aube de mon âme.
Laurence Pellan