Malgré le givre, les bourgeons continuent leur floraison. La nature donne ainsi une belle leçon d’humilité.
L’humilité est un acte permettant d’ouvrir les verrous restés bloqués par des erreurs de jugement, des mensonges douloureux, des blessures infectées, et autres causes si intimes à chacun. Là où la dureté se manifestait par fierté, la souplesse remplace ce chardon piquant. Là où le jugement éclatait par vanité, la tolérance transmute cette ortie dérangeante. Là où la peur apparaissait sous l’orgueil, l’amour arrose les boutons d’or… Ainsi, le fait d’être humble, c’est la reconnaissance des parties de soi, semblables à de frêles plantes, grandissant bien souvent par ignorance et parfois de manière consciente, mais où l’attitude était assujettie à un mouvement intérieur incontrôlable parce rattaché à une émotion enracinée dans les fins fonds du cœur. Cette reconnexion à ces « sensibilités », convertit le regard sur soi, jusque-là aveuglé par des sentiments tels la honte, l’indignité, la culpabilité, l’humiliation, la faiblesse…
L’humilité invite à renoncer à avoir des pensées avilissantes vis-à-vis de soi et envers autrui. Car, en effet, celles-ci résultent d’un langage du mental entretenu par le souvenir des injonctions du passé, des interprétations transformées en croyances. L’identification à toutes ces énergies cause le repli, l’isolement, la soumission et par voie de conséquence, charge lourdement le cœur. Au fil du temps, il finit par se fermer et le petit moi, dans le but de se protéger, se défendre, survivre, met en place des comportements de substitution. Il s’éloigne non seulement de ses qualités premières pour suivre une route différente mais se crée, également, un mensonge supplémentaire dans lequel il se perd davantage. Le long de ce chemin, il produit ses propres expériences. Elles servent d’engrais en fonction de ses prises de conscience. C’est souvent la répétition d’un processus inconfortable qui s’avère être le début d’un changement de perception, d’une remise en question.
L’humilité appelle cette sagesse qui convie au pardon. Lorsque l’humain prend conscience de ses errances, il est porteur de commentaires peu glorieux à son égard. Il s’en veut, culpabilise, regrette des actions commises, des offenses faîtes à autrui et retombe dans les mailles d’un schéma connu. C’est la raison pour laquelle, le pardon s’apparente à un acte de serviabilité pour soi parce qu’il libère dans la profondeur les mémoires erronées et les faux liens. Cette conversion intérieure se réalise étape après étape, s’effectuant à un rythme individuel et adapté pour tout à chacun. Ceci dit, la vision évoluant, la vie du quotidien se modifie avec de nouvelles manières d’agir et d’être qui s’instaurent naturellement, car une part de soi n’adhère plus aux anciens comportements et les considère comme faisant partie du passé.
L’humilité apporte une clairvoyance face aux objectifs, ambitions, projets… Lorsque des défis stimulent un individu, il est intéressant et prévoyant de s’interroger sur les enjeux de telle ou telle action. Est-elle pourvoyeuse d’un bien-être ou sert-elle une quelconque reconnaissance ? Quelle part de soi se sent motivée pour exécuter ? Est-ce pour combler une frustration de l’égo ou suivre l’intuition du cœur ? Les réponses à ce questionnement instruisent sur le bien-fondé d’un engagement. Le fait d’ajuster les défis, que chacun se lance, évite d’amères déceptions. En effet, s’ils sont évalués incorrectement, ils provoquent des désillusions au niveau de l’égo parce que les attentes escomptées se révèlent comme des échecs. Donc, le fait d’arbitrer, de manière humble, équitable, ses potentiels, ses qualités en restant honnête et lucide vis-à-vis de ses difficultés, ses délicatesses, permet de ne pas créer de fausses espérances et de fixer des buts accessibles. Pour finir, un résultat positif encourage à continuer, à contrario de son opposé.
Texte et photo Laurence Pellan – Accompagnatrice psycho-spirituelle